10 ans de blues dans le Chablais

Il n’est pas toujours aisé pour un président d’association de s’exprimer lorsqu’arrive, de manière presque inopinée, un anniversaire important. 10 ans déjà que la CBC s’évertue à établir des connexions entre les amateurs de blues du Chablais et alentours.

C’était en effet le 14 août 2012, à Noville, que se sont réunis cinq farfelus désireux de fonder une association autour de la note bleue. Quatre objectifs statutaires ont été promulgués : rassembler les passionnés de blues, organiser des événements et des rencontres de musiciens et d’amateurs, concevoir et développer des projets sociaux et musicaux liés au blues et enfin promouvoir le blues de manière générale.

Peu après cet acte constitutif, le premier comité s’est vite rendu compte que cette orientation allait permettre d’élargir de manière exponentielle, voire infinie, le champ des possibles. Il n’est donc pas étonnant que les ordres du jour du présent comité contiennent des points intitulés « salon du blues », « festival de blues », « roadmovie », « jeu de société sur le blues », « drapeau du blues », « Blues Academy » etc. Autant d’idées foisonnantes qu’elles nécessitent une salutaire priorisation, les membres du comité agissant en tant que bénévoles et les journées ne comptant hélas que vingt-quatre heures.

Il n’en demeure pas moins que durant cette décennie, la Chablais Blues Connection est, semble-t-il, parvenue à tisser un joli réseau de connaissances, puis d’amitiés, autour de nombreux événements mis sur pied dans son périmètre d’action et avec une ambition à la hauteur de son humble budget. Qu’importe le contenant, pourvu qu’il y ait l’ivresse !

L’ivresse justement. « Comment y parvenir » s’interrogea alors le comité fraîchement élu. Il était urgent d’organiser au plus vite un événement dont le concept collait au mieux avec les objectifs de l’association et qui allait devenir une manifestation-signature : la jam session. En décembre 2012, la première jam session ouverte à tous a été organisée dans le sous-sol de l’usine de construction métallique Meili SA à Bex. Malgré la tempête de neige, « Industrial Blues », telle avait été baptisée cette soirée, connu un bon succès. C’est ainsi que la Chablais Blues Connection a pu envisager de mettre sur pied une programmation événementielle chaque année, en incluant le plus souvent possible des jam sessions, permettant ainsi aux musiciens amateurs de se rencontrer ou de se revoir sur scène sous les yeux écarquillés et les oreilles enchantées d’un public déjà conquis. Le projet suivant allait encore changer la donne…

Le comité cherchait à régulariser les rencontres entre membres en limitant l’engagement de ressources pour y parvenir. L’idée de créer un atelier de rencontre, à intervalles réguliers, où les membres musiciens pourraient jouer ensemble, travailler des standards du blues, accueillir les novices et bluesophiles débutants, faisait son chemin. Le fameux Workshop était né. Se déroulant d’abord dans les locaux de la Fondation Clin d’œil à Aigle, dans une ancienne église, le Workshop a ensuite pris ses quartiers à Noville, dans la Salle du Cotterd, l’ancien stand de tir de la commune. Cette sédentarisation a permis à l’association d’intégrer le Cartel des sociétés locales de Noville. Aujourd’hui toujours, les mardis soir sont consacrés à la communion des blueseux ; un point fixe dans l’agenda, un phare dans la nuit musicale hélas dominée par les sous-genres fumeux et autres niaiseries commerciales souvent inaudibles.

La régularité des rencontres, assimilables bien souvent à des répétitions, a fait émerger un nouveau moyen de promouvoir tant le blues que l’association. Les musiciens du Workshop se sont sentis prêts à se produire en public. Ce fut le cas pour la première fois le 5 décembre 2014 au Marché de Noël de Montreux, donc l’affiche indiquait « Chablais Blues Revue ». Auparavant, les musiciens CBC se produisaient individuellement dans le cadre des jam sessions qui suivaient les concerts organisés par l’association.

C’est aussi dès cet instant que des groupes sont carrément nés de la connexion orchestrée par l’association. D’autres groupes ont également pu regarnir ou renforcer leurs rangs. Ainsi se sont constitués The Soundtouch, Smoking Socks, Rolling with Edward et Lemon Blues. Pour le comité, il s’agissait de bonnes nouvelles. Néanmoins, il ne fallait pas oublier les objectifs de l’association et veiller à ne pas engager toutes ses ressources à la seule organisation de concerts. Beaucoup reste à faire, à commencer par le traitement des affaires courantes, notamment la publication du magazine associatif : Be Connected.

Be Connected est le magazine en ligne édité par l’association depuis le premier jour. En 10 ans, ce sont 28 numéros qui ont ainsi été publiés auprès des membres et des sympathisants de la cause. Depuis une décennie, il est gratuit et téléchargeable sur le site internet de l’association. Aujourd’hui, nous passons un nouveau cap, puisque vous tenez dans vos mains le premier numéro imprimé de Be Connected. On peut considérer que sa lecture permet à quiconque d’acquérir une solide connaissance de base du blues et de ses acteurs. C’est pour cette raison que l’ensemble des articles de fond publiés dans le Be Connected constitue le cœur du livre commémoratif édité pour l’occasion, qui se veut être une référence pour tout nouveau ou ancien amateur de blues. Un livre saint, en quelque sorte.

Pour marquer cet anniversaire et le franchissement de ce cap symbolique des 10 ans, le comité a souhaité laisser une trace, une marque tangible, un ouvrage dont on espère qu’il prendra bonne place dans les bibliothèques de nos membres, un livre de référence sur l’histoire du blues et de quelques bluesmen ou women, un album-photo qui fera surgir les meilleurs souvenirs à ceux qui étaient là durant cette décennie, le testament d’une amicale équipe de fous régionaux. Ce livre est disponible dans notre boutique.

Puissions-nous écrire l’histoire de la prochaine décennie. Merci à toutes et à tous pour ces belles années passées et ces superbes années à venir. Vive la CBC ! Et vive le blues !

Dylan Karlen